François Vé – Carnet de voyage

Je viens de faire 500 mètres dans les petites ruelles enneigées de Vilnius pour changer d’auberge et c’est fou comme l’énergie d’un lieu peut changer la vie… Je suis arrivé lundi matin et la première pensée en arrivant à la gare des bus fut “mais qu’est-ce que je viens faire là !“. Les stations de bus ont toujours un côté chaotique et l’architecture des années septante, plus la neige, leur donne un aspect très brut. Les gens sont emmitouflés dans leurs manteaux et leurs fameux chapeaux avec les pans qui protègent les oreilles. Les visages peuvent être très marqués, comme découpés par le froid et la rudesse de la vie que l’on peut sentir autour des gares. Ma première auberge fut très sombre, couloir étroit, moquette brune et soirées bien arrosées par des marchands en tout genre parlant russe et polonais et n’ayant aucune envie de communiquer. Donc me voici dans une auberge plus conventionnelle.

Depuis que je suis dans les Pays Baltes le voyage est beaucoup plus intérieur, je rencontre beaucoup moins de monde, les journées sont courtes et l’hiver amène son lot de nostalgie. Depuis Saint-Pétersboug, j’ai trouvé une belle façon de ponctuer mes semaines et de leur donner un rythme : je vais à l’opéra et j’adore !!!  En plus, c’est vraiment pas cher, entre 10 et 15 frs. Petit florilèges de mes soirées culturelles : à Tallin Eugène Onéguine de Tchaïkovsky, à Riga un Ballet de Tchaïkovsky Anna Karenina et Don Giovanni de Mozart, à  Vilnius ce sera Rigoleto de Verdi.

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C’est superbe hiver que je traverse et ça fait du bien, la neige est toujours présente et le froid est sec. Riga est une ville plus populaire et un peu moins touristique que Tallinn, le quartier de la gare avec ces grandes halles marchandes entourées de petites maisons en briques grises fait penser aux puces de Paris. Depuis que je suis arrivé dans les pays baltes, j’ai une fascination pour les trams et avec la neige, c’est à chaque fois une carte postale, ils sont vieux, étroits, bruyants et j’adore sentir cette atmosphère typique au pays de l’Est. Je serai à Vilnius en Lituanie ce lundi

C’est avec un froid sec et un petit moins 8° que j’ai débarqué à Tallinn. Le voyage de nuit en ferry de Saint-Pétersbourg à Helsinki fut très chic, flonflons, accordéon, balalaïka, bar, casino, dans les hauteurs et très bruyant dans les cabines économiques qui se trouvent au niveau de la mer. Impossible de dormir sans boules Quiès, j’avais l’impression de pouvoir toucher les blocs de glace qui frappaient le bateau. Cette expérience n’a rien de comparable avec le Amber où le Hangin Boston (les bateaux containers) où il y avait une grande sensation de liberté, d’espace et de calme. Sur le Princess Maria, c’est le côté kitch qui domine et j’ai adoré regarder tout ce petit monde fonctionner, les gens faisaient la queue avec leurs paniers devant le magasin hors taxes. Deux couples dansaient dans le cabaret, accompagnés par un violoniste qui jouait des thèmes jazz très langoureux, Quelques couples se serraient sur le pont au froid, regardant Saint-Pétersbourg s’éloigner… La moquette était bleue et or, les décorations de Noël un peu décalées, et les stewards très souriants.
L’arrivée à Helsinki fut blanche avec un beau lever de soleil sur le port, la mer ressemblait à un champ enneigé et le fait de voir quelques petites iles habitées accentuait cette sensation de ville blanche. Le temps de faire le tour du port en tirant ma valise dans la neige et je me retrouvais sur le ferry Helsinki Tallinn pour 2 heures de mer.
J’ai trouvé une petite auberge très bon marché à Tallinn et, ce qui est vraiment bien, c’est de se retrouver seul et non plus dans un dortoir. Je vais rester une bonne semaine, me reposer et commencer à travailler sur de nouvelles chansons. Tallinn est une jolie ville médiévale très tranquille, je vais faire du tram, des balades en bord de mer et commencer étudier quelques mots d’estonien.

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Je suis arrivé hier matin à Saint-Pétersbourg ,avec et sous la neige. Le voyage de nuit en classe économique depuis Moscou fut familial , les wagons couchettes ont des cabines ouvertes avec deux lits qui longent le couloir et quatre lits dans l’autre sens, ce qui crée beaucoup d’attente et de politesse.

Il faisait – 7° à mon arrivée et il a neigé toute la journée. La première sensation de Saint-Pétersbourg fut celle de largeur et de grand calme.

Aujourd’hui, je suis allé voir comment prendre mon billet de ferry pour Helsinki ; j’ai beaucoup marché dans l’ile du Nord qui est beaucoup moins touristique et où on trouve de nombreux immeubles de l’époque soviétique. Le tram rouge qui longe presque la mer est très vieux et très romantique. C’est marrant, j’aime beaucoup mieux me balader dans les quartiers populaires que dans la ville historique. Ensuite, je suis allé marcher sur la Mer Baltique, dont les rives sont gelées et où les pêcheurs creusent la glace à l’aide de vilebrequins, plantent leurs tentes et s’assoient sur de petites chaises. Tout cela dans un décor de vieux immeubles en béton, de glace, accompagné d’un horizon qui à 15h30 commence à s’assombrir. Heureux de revoir la mer.

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Après un petit hivernage du blogue, voici quelques nouvelles fraîches et surtout l’occasion de vous souhaiter une belle année 2011 !

Je suis dans un petit café au centre de Moscou, dans une rue piétonne qui s’appelle Arbat. Ici les gens vivent dans la rue, mais aussi sur les toits où des hommes cassent et font tomber les glaçons qui se forment sur les gouttières.

Le voyage en Transsibérien était très paisible et dégageait un sentiment de pureté ; c’est du cinéma photographique. Nous avons contournés la Mongolie par l’Est. Au début, les paysages sont faits de collines blanches et rousses, accompagnées de villages au petites maisons en briques brunes claires ; ça donne l’impression que les gens vivent au milieu de nulle part, on sent la vie grâce aux cheminées fumantes et aux quelques personnes qui marchent sur les routes enneigées. Les villes du Nord de la Chine donnent le sentiment d’un grand capharnaüm, immeubles en bétons, routes bondées, les gares sont d’un autre âge et tout ça dans une neige souvent noire, ça bouge dans tous les sens.

Nous sommes arrivés à la frontière après deux jours de train, le contrôle de mon visage sur le passeport a bien duré 5 minutes, la fille ne me reconnaissait pas ! J’ai pu observer ses grands yeux noirs, ses cils très fins et son chapeau de fourrure. Ce qui est marrant après la Chine, c’est de voir toutes ces femmes en manteaux et chapeaux de fourrure, ça leur donne du chien et ça fait quelquefois sourire, mais c’est plutôt de l’ours ou du renard.

J’ai pu descendre trois heures à Zabaykalsk, la petite ville frontière de Russie, où je suis allé changer des Euros dans une minuscule banque. C’est toujours délicieux de se sentir dans un endroit improbable ; c’est là où le voyage prend tout son sens, dans cette petite banque les gens faisaient la queues devant des portes et j’étais entouré de dames toutes en fourrure (j’insiste). J’ai montré la phrase « j’aimerai changer des euros » dans mon petit dictionnaire de russe et les gens se sont occupés de moi. C’est vraiment ces petits moments qui sont magiques et qui me remplissent d’énergie.  Puis, après quelques courses, je suis retourné à la petite gare à deux voies et mon train n’était plus là… un grand vide à gauche, à droite, et de la neige partout ! Là ce fut la peur, le « non c’est pas vrai ! », je cours, je demande, on me rassure, il va revenir…

J’ai dû traverser le long et large couloir de la gare de Pékin, montrer mon billet à une sublime femme dans un long manteau noir qui me le tamponna, et, c’est en passant par une double porte vitrée que l’émotion fut la plus intense : mon regard plongeait sur le quai où le Transsibérien m’attendait, éclairé par une faible lumière verte et enrobé d’une légère brume. L’ensemble donnait au décor des allures de film des années 50.

Je venais de passer de la Chine à la Russie en deux minutes ! Me parlant en russe, une petite femme dans un manteau de fourrure m’accueilli et me guida dans mon wagon à l’aide d’une lampe de poche, me montra ma cabine. Je m’assis dans le noir, il était 22h 56.